Huile de CBD pour le sommeil : choix et utilisations

Les troubles du sommeil, allant des difficultés à l’endormissement aux insomnies chroniques, touchent près d’un tiers de la population française, avec des conséquences notables sur la santé physique et mentale, selon les données de l’INSV et de Santé Publique France (1 & 2). 

Le CBD — l’un des principaux cannabinoïdes non psychoactifs issu de la plante de chanvre Cannabis sativa — fait l’objet de nombreuses études pour ses propriétés anxiolytiques, relaxantes et régulatrices du cycle veille-sommeil. Bien qu’il ne soit pas un sédatif au sens strict, il interagit avec le système endocannabinoïde et certains récepteurs impliqués dans la régulation du stress et de l’endormissement.

Découvrez dans cet article les bienfaits de l’huile de CBD sur le sommeil, comment la choisir et l’utiliser selon sa concentration et son spectre et quelles sont les données scientifiques disponibles à ce jour.

L’huile de CBD offre de nombreux bienfaits et elle se présente aujourd’hui comme une solution naturelle, sans accoutumance, pour traiter les troubles du sommeil et améliorer sa qualité. Mais comment agit-elle exactement sur le sommeil ? Et comment se positionne-t-elle face à d’autres alternatives telles que la mélatonine ou les somnifères classiques ?

L’insomnie est un trouble du sommeil courant correspondant à une insuffisance de sommeil, en quantité ou en qualité, alors que les conditions environnementales sont favorables. Elle se caractérise par des difficultés d’endormissement, des réveils nocturnes et/ou trop précoces avec une sensation de sommeil non réparateur. Elle peut être aiguë ou chronique, et ses causes sont multiples : stress, anxiété, troubles neurologiques, douleurs chroniques, dérèglements hormonaux, etc.

Selon l’INSERM, l’insomnie chronique touche environ 15 à 20 % des adultes en France et jusqu’à 35 % de la population souffre régulièrement de troubles du sommeil (3). Ces troubles ont un impact direct sur la santé : fatigue, somnolence, irritabilité, difficulté de concentration, aggravation de maladies associées — telles que les douleurs chroniques, le diabète de type 2, la dépression —, ou encore augmentation du risque d’accident cardiovasculaire, d’obésité, d’hypertension ou de maladies psychiatriques.

Le CBD, ou cannabidiol, est un cannabinoïde non psychoactif — c’est-à-dire qu’il ne provoque pas d’effet d’euphorie ou d’altération mentale comme le THC — issu du chanvre Cannabis sativa. Comme tous les autres cannabinoïdes (CBG, CBN, CBC, etc.), il interagit avec notre système endocannabinoïde (SEC).

Le système endocannabinoïde est un réseau présent dans presque tout le corps responsable de la régulation de nombreuses fonctions vitales telles que l’humeur, la douleur, le stress, l’anxiété et surtout le cycle veille-sommeil. 

Plusieurs études ont exploré les effets du CBD sur le sommeil :

• une étude clinique (4) montre que 66 % des participants ayant reçu du CBD constatent une amélioration de leur sommeil dès le premier mois ;
• des recherches démontrent que le cannabidiol (CBD) agit comme un modulateur des systèmes neurochimiques liés à l’anxiété et au sommeil. Il interagit notamment avec les récepteurs 5-HT1A de la sérotonine — expliquant ses effets anxiolytiques — et influence indirectement les récepteurs GABA — favorisant la relaxation et la préparation au sommeil. Ces actions soutiennent l’idée que le CBD pourrait faciliter l’endormissement en réduisant les causes physiologiques de l’insomnie (5, 6, 7 & 8) ;
• une revue de littérature (9) conclut également que le CBD pourrait améliorer la qualité du sommeil, en particulier chez les personnes souffrant de douleurs chroniques ou d’anxiété généralisée.

D’après ces recherches, le CBD n’agit pas directement sur le sommeil à la manière des somnifères, mais il agit indirectement en réduisant les troubles (comme l’anxiété, le stress ou la douleur) à l’origine des insomnies. 

La mélatonine, une hormone naturellement produite par l’organisme, régule l’horloge circadienne qui lui signale qu’il est temps de dormir. C’est donc un inducteur physiologique du sommeil, parfois utilisé dans les cas de décalage horaire ou de problèmes de rythme biologique.

Le CBD en revanche n’induit pas le sommeil, mais agit indirectement sur celui-ci en réduisant les causes sous-jacentes de l’insomnie comme l’anxiété, la douleur ou l’hyperactivation cérébrale.

Ces deux composés ciblent des causes et des mécanismes différents. Le CBD peut être un soutien complémentaire, mais pas une alternative hormonale à la mélatonine.

Plusieurs études récentes suggèrent que l’effet du CBD dépend de nombreux facteurs, notamment la teneur en CBD, la présence ou non de THC, ainsi que la forme galénique utilisée. 

Pour bénéficier pleinement des effets du cannabidiol sur le sommeil — par la réduction de l’anxiété, du stress ou de la douleur —, il est alors important de prendre en compte les critères de qualité, les types d’extraits disponibles ainsi que le dosage.

Trouver la meilleure huile de CBD pour dormir peut être un véritable casse-tête avec la diversité des produits disponibles sur le marché. Voici les critères essentiels à vérifier avant de faire votre choix.

Il est essentiel de bien regarder l’origine du produit, aussi bien l’huile de base que les plants de chanvre. Privilégiez des huiles de base ainsi que des plants de chanvre d’origine française, issus de l’agriculture biologique, cultivés sans pesticides ni métaux lourds et présentant un label (AB, Ecocert, etc.).

La méthode d’extraction du CBD des plantes de cannabis joue un rôle clé dans la qualité finale de l’huile. Il en existe plusieurs, chacune avec ses avantages et ses inconvénients. Toutefois, les méthodes au CO₂ supercritique ainsi que par macération sont aujourd’hui considérées comme les plus sûres, car elles n’engendrent pas de solvants résiduels dans le produit final.​

Une marque sérieuse doit pouvoir fournir un certificat d’analyse indépendant, précisant la teneur réelle en CBD, l’absence de métaux lourds, de solvants et une teneur en THC inférieure au seuil légal.

Il existe trois grands types d’extraits, aux effets potentiellement différents sur le sommeil :

• Le CBD full spectrum ou à spectre complet

Il correspond à une extraction complète de la plante de chanvre et le produit fini contient l’ensemble des cannabinoïdes (dont le THC, au taux strictement inférieur à 0,3 %), des flavonoïdes et des terpènes.

• Le CBD broad spectrum ou à large spectre

Le CBD à large spectre correspond au CBD à spectre complet, mais sans le THC dont il ne subsiste aucune trace. Une étape supplémentaire dans le processus de fabrication permet d’extraire ce composé.

• L’isolat de CBD

Obtenu par une double extraction, puis par une purification, l’isolat offre un CBD pur à 98 % et se présente généralement sous forme de cristaux ou de poudre. Débarrassé des terpènes, des flavonoïdes, du THC et des autres cannabinoïdes, l’isolat de CBD prive les consommateurs des effets “synergie” des autres molécules.

Plusieurs revues (9 & 10) indiquent que les produits à spectre complet avec une faible concentration de THC peuvent améliorer la qualité subjective du sommeil, tandis que les isolats de CBD seuls semblent avoir une efficacité moindre.

Le dosage du CBD joue un rôle essentiel dans l’efficacité du produit au quotidien. Pourtant, il n’y a pas de formule universelle : chaque individu doit adapter la dose en fonction de son corps, de ses objectifs, et du type de symptôme à soulager. Les recherches menées ces dernières années montrent toutefois que le CBD agit selon un principe de réponse en "U inversé" : une dose trop faible peut ne rien faire, mais une dose trop élevée peut également être moins efficace. D’où l’importance d’ajuster progressivement.

Des études cliniques ont testé des doses allant de 15 à 300 mg/jour. Chaque organisme réagit différemment : l’âge, le poids, la sensibilité individuelle et même le moment de la journée peuvent influencer les résultats. Il est donc important de commencer avec une faible dose (de 5 à 10 mg), d’observer les effets sur 2 à 3 jours, puis d’ajuster par palier (5 à 10 mg de plus), jusqu’à obtenir l’effet souhaité.

​Outre de la réponse individuelle, l’efficacité du CBD dépend fortement des conditions d’utilisation : moment de la prise, forme galénique, etc. 

L’huile de CBD est généralement prise selon deux méthodes différentes.

• Par voie sublinguale 

Cette méthode consiste simplement à déposer quelques gouttes d’huile sous la langue et attendre une à deux minutes avant de les avaler. Les molécules actives sont directement absorbées par les muqueuses.

• Par voie orale

L’huile est intégrée directement dans l’alimentation : eau, yaourt, jus de fruits, etc., et passe alors par le système digestif.

Le moment idéal de la prise de CBD dépend de la méthode d’utilisation employée. 

• Par voie sublinguale : le délai d’action est très rapide, de l’ordre de 15 à 30 min. Il est donc recommandé de prendre l’huile juste avant d’aller se coucher.

• Par voie orale : le délai d’action est décalé et le CBD agit généralement entre 45 min à 2 h après ingestion. Le moment de prise recommandé est donc entre 60 à 90 minutes avant le coucher.

Comme toute substance active, le CBD peut interagir avec d’autres molécules. D’après cette étude d’évaluation de la sécurité, de la tolérance et des effets secondaires potentiels du CBD (11) :

• le CBD est généralement bien toléré, même à des doses élevées (jusqu’à 1 500 mg/jour par voie orale) ;
• quelques effets secondaires légers à modérés, principalement dose-dépendants, sont rapportés ;
• le CBD ne présente aucun potentiel addictif et ne provoque pas d’euphorie ou d’effet psychoactif ;
• le CBD inhibe certaines enzymes du foie (notamment CYP3A4 et CYP2C19), pouvant augmenter la concentration plasmatique de médicaments co-administrés.

• (1) INSV & MGEN. (2023). Enquête “Sommeil et société”– Journée du Sommeil® 2023. 
• ​(2) Santé Publique France. (2021). Baromètre santé – Sommeil des adultes. 
• ​(3) INSERM. Troubles du sommeil : insomnie.​
• ​(4) Shannon, Scott & Lewis, Nicole & Lee, Heather & Hughes, Shannon. (2019). Cannabidiol in Anxiety and Sleep: A Large Case Series. The Permanente Journal. 23. 10.7812/TPP/18-041. 
• ​(5) Russo et al. (2007). Cannabis, pain, and sleep: lessons from therapeutic clinical trials of Sativex, a cannabis-based medicine. Chem Biodivers. 4(8):1729-43. doi: 10.1002/cbdv.200790150. PMID: 17712817.
• ​(6) Schier, Alexandre & Ribeiro, Natalia & Cardoso, Adriana & Hallak, Jaime & Crippa, Jose & Nardi, Antonio & Zuardi, Antonio. (2012). Cannabidiol, a Cannabis sativa constituent, as an anxiolytic drug. Revista brasileira de psiquiatria (São Paulo, Brazil : 1999). 34 Suppl 1. S104-10. 10.1590/S1516-44462012000500008.
• (7) Watkins AR. (2019). Cannabinoid interactions with ion channels and receptors. Channels (Austin).13(1):162-167. doi: 10.1080/19336950.2019.1615824. PMID: 31088312; PMCID: PMC6527074.
• (8) Blessing et al. (2015). Cannabidiol as a Potential Treatment for Anxiety Disorders. Neurotherapeutics. 12(4):825-36. doi: 10.1007/s13311-015-0387-1. PMID: 26341731; PMCID: PMC4604171.
• ​(9) Babson KA et al. (2017). Cannabis, Cannabinoids, and Sleep: A Review of the Literature. Curr Psychiatry Rep. 2017 Apr;19(4):23. doi: 10.1007/s11920-017-0775-9. PMID: 28349316.
• ​(10) Henson, J.D., Vitetta, L. & Hall, S. (2022). Tetrahydrocannabinol and cannabidiol medicines for chronic pain and mental health conditions. Inflammopharmacol 30, 1167–1178.
  
• ​(11) Iffland K, Grotenhermen F. (2017). An Update on Safety and Side Effects of Cannabidiol: A Review of Clinical Data and Relevant Animal Studies. Cannabis Cannabinoid Res. 1;2(1):139-154. doi: 10.1089/can.2016.0034. PMID: 28861514; PMCID: PMC5569602.